Le motion design a parcouru un long chemin depuis ses débuts. Il y a 15 ans (nos débuts 🥶) les techniques étaient principalement basées sur des logiciels de graphisme et d’animation. Chaque projet demandait des heures de travail minutieux, alliant créativité et expertise technique. Aujourd’hui, avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA), ce domaine en constante évolution est en train de vivre une véritable révolution.
L’IA, commence à redéfinir le rôle du motion designer. Elle promet de simplifier le processus, accélérer la production, et ouvrir la porte à des visuels autrefois inaccessibles. Mais cette avancée pose aussi des questions : Quelle est la place de l’humain dans un monde où l’intelligence artificielle peut créer des animations ? Le motion design est-il en train de perdre son âme artisanale ?
Dans cet article, nous allons explorer comment l’intelligence artificielle transforme ce métier et ce que cela signifie pour l’avenir des créateurs de contenu visuel.
Motion design : définition
Le motion design est l’art de donner vie à des éléments graphiques. Concrètement, il s’agit d’animer des textes, des images, des formes ou des illustrations pour transmettre une idée, raconter une histoire, ou simplement captiver un public. Ces vidéos peuvent être utilisées dans de nombreux contextes : publicité, générique de films et séries, réseaux sociaux, formations en ligne, etc.
L’objectif du motion design est avant tout de rendre un message clair et percutant. L’animation capte l’attention et permet d’expliquer des concepts parfois complexes de manière visuelle et intuitive. Par exemple, une entreprise peut utiliser une vidéo en motion design pour présenter ses services de façon engageante ou pour expliquer un produit technique de manière simplifiée.
Les techniques de création reposent sur plusieurs étapes : la conception graphique, l’animation, le sound design (ajout de sons et de musiques), et parfois la 3D. Ces étapes demandent un savoir-faire technique et une forte sensibilité artistique pour créer des animations.
Les logiciels de référence incluent Adobe After Effects, qui est l’outil incontournable pour créer des animations 2D, des effets spéciaux, ou des titres animés. Pour la 3D, des logiciels comme Cinema 4D ou Blender sont souvent utilisés. Enfin, des logiciels comme Photoshop et Illustrator sont fréquemment employés pour concevoir les éléments graphiques à animer.
Le motion design a énormément évolué depuis ses débuts au début du XXe siècle, passant des animations manuelles image par image à l’ère numérique. Après les premières expérimentations de pionniers comme Saul Bass, l’introduction des ordinateurs dans les années 60-80 a marqué un tournant, permettant des animations plus rapides et précises. Les années 90 ont vu l’explosion des logiciels comme Adobe After Effects, démocratisant l’accès à la création d’animations. Dans les années 2000, la 3D et les effets visuels réalistes sont devenus plus accessibles, tandis que les années 2020 voient l’intégration de l’intelligence artificielle, qui automatise et accélère de nombreux aspects du processus créatif, tout en repoussant les limites de l’innovation visuelle.
L’IA dans le motion design : opportunité ou danger ?
Opportunité
L’un des principaux arguments en faveur de l’IA est qu’elle permet de gagner un temps précieux en automatisant des tâches fastidieuses comme l’animation de formes simples, la synchronisation audio ou encore la gestion des transitions. Des outils basés sur l’IA, comme Runway ou des générateurs d’effets visuels, permettent aux motion designers de se concentrer sur la partie créative et conceptuelle plutôt que sur la technique pure. Cela démocratise l’accès à la création de contenu visuel et réduit les barrières à l’entrée pour ceux qui n’ont pas de compétences techniques avancées.
Danger
Cependant, l’IA pose aussi le risque d’une standardisation des productions. En se reposant sur des algorithmes pour générer des visuels ou des animations, on peut voir émerger des contenus uniformisés, manquant de la touche unique et personnelle propre à chaque créateur. L’utilisation excessive de modèles et d’animations prédéfinies pourrait dévaloriser le travail des designers en rendant les créations moins originales.
Au-delà des questions de productivité et de créativité, il y a un enjeu éthique. Si l’IA se charge de la majorité des tâches techniques, quel sera le rôle du motion designer ? Certains craignent que l’IA puisse remplacer l’humain dans des projets à grande échelle. D’autres, y voient une nouvelle forme de collaboration, où l’IA agit comme un assistant, laissant à l’humain la tâche d’orchestrer et de donner une vision artistique. Il est donc crucial de se demander : jusqu’où l’IA peut-elle aller sans dénaturer l’essence même du motion design ?
Co-création : bien collaborer avec l’IA
En tant que motion designer depuis 15 ans, j’ai eu la chance de voir notre métier évoluer et se réinventer au fil des avancées technologiques. Aujourd’hui, avec l’émergence de l’intelligence artificielle, nous sommes à un nouveau tournant. Contrairement à certaines craintes, je ne vois pas l’IA comme une menace, mais plutôt comme un outil de co-création puissant, à condition de correctement l’employer. La clé réside dans la répartition intelligente des tâches, où l’IA nous aide à gagner du temps sur certains aspects techniques, tandis que nous, créateurs, gardons la main sur la direction artistique.
La loi de Pareto, ou la règle des 80/20, nous enseigne que 20 % des efforts génèrent 80 % des résultats. Appliquée au motion design avec l’IA, cela signifie que nous, les motion designers, devons consacrer notre énergie et notre expertise là où nous avons le plus d’impact créatif. L’IA, elle, peut gérer les 80 % restants, souvent constitués de tâches répétitives ou chronophages.
Exemple théorique de co-création avec l’IA
Imaginons un projet pour une vidéo explicative pour une startup. Voici comment je répartirais les tâches entre moi et l’IA :
- Concept et storyboard (100 % humain) : Ici, c’est le cœur du projet. En tant que motion designer, je reste responsable de la conception des idées, du message visuel, et de l’ambiance créative globale.
- Direction artistique (70 % humain, 30 % IA) : Après avoir défini le concept, je peux créer les éléments graphiques (illustrations, typographies, icônes). L’IA pourrait alors venir en appui, par exemple en générant des variations d’un personnage ou en proposant des palettes de couleurs basées sur des données existantes.
- Animation des formes simples (30 % humain, 70 % IA) : Pour des animations basiques comme des transitions, des apparitions de texte ou des animations répétitives, je peux laisser l’IA gérer ces tâches via des scripts ou des outils d’automatisation (comme des plugins dans After Effects). Ces étapes demandent souvent du temps mais ne sont pas le cœur créatif du projet. L’IA me permet de gagner en productivité ici.
- Animation et compositing (50 % humain, 50 % IA) : Pour des effets complexes, comme des particules, des jeux de lumière ou des simulations physiques, l’IA est capable de générer des simulations basées sur des paramètres définis. Je guide l’IA pour ajuster les détails et affiner le rendu, mais elle m’aide à créer des effets que je ne pourrais pas forcément réaliser manuellement en un temps limité.
La co-création : Comment tirer le meilleur parti de l’IA
La collaboration avec l’IA doit être vue comme une association où chacun apporte ses forces. En tant que motion designer, nous devons être les chefs d’orchestre, définissant la vision, l’émotion et le storytelling. L’IA, elle, agit comme un assistant technique, un outil puissant qui nous aide à optimiser nos workflows, à explorer des idées visuelles ou à automatiser certaines tâches répétitives.
Garder le contrôle tout en suivant la tendance
Pour nos confrères motion designers, je dirais que l’IA est un allié, pas un rival. En utilisant l’IA avec discernement, nous pouvons libérer du temps pour ce qui compte vraiment : l’idée créative et l’impact visuel de nos projets. C’est cette complémentarité entre humain et IA qui nous permettra de repousser les limites du possible, tout en restant les véritables artisans du mouvement.
Exemple d’utilisation de l’IA pour le motion design.
Dans ce cadre là, nous avons réalisé un moodboard avec l’intelligence artificielle (image de gauche) pour créer un environnement 3D (image de droite).
Les outils IA adaptés au motion design
Voici une liste des principaux outils d’intelligence artificielle disponibles pour les motion designers afin d’améliorer et accélérer les workflows créatifs :
Runway ML
Génération d’effets visuels automatisés, rotoscoping, la suppression de fond et la création d’animations à partir de textes ou d’images.
Adobe Sensei
Intégré à la suite Adobe, Adobe Sensei est une IA qui assiste les utilisateurs dans les logiciels comme After Effects et Premiere Pro. Elle permet d’automatiser des tâches comme l’ajustement des couleurs, le rotoscoping automatique, et l’analyse des séquences vidéo.
DeepMotion
DeepMotion utilise l’IA pour créer des personnages animés 3D à partir de simples séquences filmées.
NVIDIA Omniverse
Ce logiciel utilise des algorithmes d’IA pour créer des simulations et des rendus 3D en temps réel.
Storyboard Pro
Storyboard Pro intègre des outils d’IA pour aider les motion designers à planifier et créer des storyboards plus rapidement en suggérant des angles de caméra, des compositions et des transitions automatiques.
Le futur du motion design et de l’IA
Dans les années à venir, le motion design va évoluer grâce à l’intelligence artificielle, qui jouera un rôle croissant en termes de créativité tout en automatisant des tâches techniques. Nous assisterons à l’émergence de contenus interactifs et immersifs, où chaque spectateur vivra une expérience unique. La co-création IA-humain doit et deviendra la norme, permettant aux créateurs de se concentrer sur la direction artistique tout en exploitant la puissance de l’IA pour générer des visuels complexes.
Des questions éthiques et de contrôle de la création sont et seront abordées, notamment pour préserver l’authenticité artistique dans un monde où l’automatisation progresse. En somme, l’IA et le motion design formeront un duo qui repoussera les limites de l’innovation visuelle tout en gardant l’humain au centre de la créativité.
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